Un tiers payant généralisé
Le projet de loi santé sur la généralisation du tiers payant, proposé par la ministre Marisol Touraine a mis le feu aux poudres. Désormais, ce sont les généralistes qui devraient se charger du tiers payant, permettant ainsi de libérer les patients de l’avance des frais de santé lors des consultations. Quel est le but de la ministre ? L’accès aux soins pour tous ! La santé est un droit, non un luxe.
Cependant, les généralistes font sentir les effets de leur mécontentement. La grève de la carte Vitale ne semble être que le début. Les médecins dénoncent les conditions de travail déplorables et dénigrent la surcharge adminstrative que cette nouvelle loi représenterait.
Un généraliste rentre le matin dans son cabinet et voit dans la salle d’attente déjà 15 patients qui veulent se faire consulter, avant même d’avoir commencer son travail. Vont suivre encore plusieurs dizaines tout au long de la journée et cette salle d’attente ne semble pas désemplir.
Les témoignages de quatre généralistes recueillis dans cette interview montrent bien l’angoisse et la colère des médecins. « Pourtant j’ai fait l’effort de m’organiser, de m’associer, de me regrouper et malgré cela je n’arrive pas à m’en sortir. »
L’accès aux soins pour tous ?
L’accès aux soins pour tous est-il encore praticable pour les généralistes, si ces derniers se voient débordés de patients et de la gestion du tiers payant ?
La responsabilité et le stress, auxquels les médecins sont confrontés chaque jour ne sont pas évidents pour tout le monde. Avoir 40 patients sur la conscience et gérer le tiers payant de ces 40 patients avec 70 organismes de mutuelles différents, cela semble effectivement infaisable.
En fin compte, les conséquences de la généralisation du tiers payant ne sont bénéfiques ni pour les généralistes, ni pour les patients. Une surcharge administrative des généralistes va diminuer la qualité du service, faute de temps. Par conséquent, les patients recevront des prestations de qualité moindre ou bien se feront tout simplement refuser.
Les solutions proposées
Néanmoins, des solutions sont envisageables. Pourquoi pas identifier les patients dont le revenu excède le plafond annuel de la CMU mais étant trop bas pour pouvoir effectuer l’avance des frais ? Le service tiers payant pourrait être offert à certaines personnes, dont le besoin est plus important.
Un autre moyen également concevable et favorable aux problèmes du chômage, c’est celui d’organiser une main d’oeuvre pour ces généralistes, notamment des secrétaires, qui s’occuperaient de la gestion du tiers payant. En effet, le nombre de chômeurs en France ne cesse d’augmenter. En décembre 2014, on dénombre 3 496 400 demandeurs d’emploi en France métropolitaine, soit 189 100 plus de chômeurs qu’en décembre 2013.
La généralisation du tiers payant, à la charge des généralistes ne semble être bienfaisante pour personne. Finalement, plus de personnes iraient se faire consulter pour chaque petit bobo, sachant qu’elles ne doivent pas avancer les frais. Par conséquent, les médecins auraient d’autant plus de patients et donc encore moins de temps pour chaque consultation. La qualité des prestations va donc baisser dramatiquement ou encore les médecins vont se mettre à refuser des patients… Ainsi, l’accès aux soins pour tous sera-t-il toujours encore possible ? Voici la question qui inquiète les Français depuis plusieurs semaines…