Y a-t-il une guerre des prix sur le marché de l’optique ?

Optique

Dans le cadre de la réforme 100% Santé, le gouvernement promet un accès au soin pour tous avec le « reste à charge zéro ». Pour les consommateurs, les doutes persistent sur la qualité et le coût réel des équipements. Pour les professionnels de l’optique, de nouveaux enjeux apparaissent pour répondre aux besoins des patients. Explications.

Y a-t-il une guerre des prix sur le marché de l’optique ?

Face à un taux de renoncement aux soins très importants (47% (1) des Français déclarent avoir déjà renoncé à des soins pour des raisons financières), la réforme 100% Santé menée par la ministre de la santé Agnès Buzyn a pour principal objectif de faciliter l’accès aux soins pour tous.  Le « reste à charge zéro » signifie que le patient n’aura aucuns frais restant à sa charge après remboursement de la Sécurité sociale et de sa complémentaire santé (le plus souvent appelée « mutuelle »).

Des Français inquiets par la réforme 100% Santé

Une enquête OpusLine et QualiQuanti révèle que cette réforme représente pour 77 % des Français une chance d’accéder à des soins (1). Si ce chiffre conforte la légitimité de la réforme, il n’en est pas moins vrai que 3 Français sur 4 se sentent mal informés. Pire encore, les Français pensent que les soins ne seront pas de qualité : en audiologie, 36 % craignent une baisse de qualité, et ce chiffre passe à 46 % en dentaire et 56 % en optique. Si les autorités se veulent rassurantes quant à la qualité des équipements qui seront proposés, qu’en est-il de l’impact réel pour les professionnels du secteur et du véritable reste à charge pour les patients ?

Car, face à ces nouvelles règles de remboursement, les complémentaires santé se sont engagées auprès du président Macron et d’Agnès Buzyn, à ne pas augmenter les cotisations de leur adhérents pendant la durée de mise en place de la réforme. La MAAF l’a bien compris et déploie une large communication auprès du grand public pour dédramatiser le fameux « RAC 0 ». Ses bons résultats des dernières années permettent à l’assureur de limiter la hausse des tarifs des cotisations et d’en faire ainsi un nouvel argument marketing. Une vaste campagne publicitaire entamée en janvier 2018 illustre la volonté pour la MAAF de se positionner comme « la préférence client » et plus seulement « la référence qualité-prix ». Reste à savoir si tous pourront s’aligner…

En outre, entre le panier santé – qui semble séduire 10 % des Français – et un panier haut-de-gamme avec reste à charge – accepté quant à lui par seulement 12 % des Français – il reste donc quelque 78 % d’assurés à orienter et convaincre (1)  ! Un challenge de taille pour les professionnels de santé qui s’apparente davantage à une guerre de l’information, et qui nécessite une organisation solide d’ici la mise en place totale de la réforme.

Des professionnels de santé mobilisés pour accompagner leurs patients

Qualité, service, reste à charge : autant de sujets qui préoccupent néanmoins les assurés. Il faut dire qu’en matière d’optique, le panier santé peut paraître assez maigre : un choix de 17 montures pour les adultes et 10 pour les enfants, en deux coloris. C’est pourquoi les opticiens auront l’obligation de proposer deux devis, dont un avec un reste à charge équivalent à zéro, et un autre, dit libre mais pour lequel les patients ne seront remboursés que de 100 euros par monture. Dans ce contexte, comment séduire une clientèle à l’affût des meilleurs prix ? Chez les opticiens, on se veut rassurant. Campagne de publicité, vidéos : chez Optic 2000, on joue la carte de la simplicité et de l’humour pour rassurer les assurés et leur promettre des équipements de qualité au meilleur prix. Au-delà de la guerre des prix, c’est aussi un enjeu d’accompagnement et d’informations des patients qui s’installe dans le quotidien des professionnels de l’optique. Face à la désertification médicale et la pénurie d’ophtalmologistes, les compétences des professionnels de la filière se multiplient et l’attention portée au client est accrue. Pour Yves Guénin, « la filière peut donner l’exemple d’un modèle où le partenariat entre acteurs de santé, autour du rôle pivot et central de l’ophtalmologiste qui est évidemment à préserver, se met au service du patient ».

Pas d’inquiétude pour certains, mais une concurrence toujours plus importante comme le souligne Éric Lenoir, directeur du SILMO. Ce grand salon international de l’optique est l’occasion de profiter « de l’information, de la formation, des tendances, et d’un point de vue à 360° sur notre industrie (2) ». Et pour répondre aux injonctions d’un marché en pleine ébullition, le SILMO se déploie à destination des opticiens, avec le « SILMO Next ». Pour Éric Lenoir, c’est une façon d’accompagner les professionnels de l’optique et d’« apporter un outil de réflexion supplémentaire et de découvertes du futur de l’industrie et des produits pour les opticiens (3) ».

S’il y a effectivement une guerre des prix qui répond aux préoccupations de certains assurés, force est de constater que l’innovation industrielle, l’amélioration du service, la qualité de l’information et la formation des opticiens sont les nouveaux enjeux du secteur de l’optique.

Sources :

(1) https://100pour100sante.fr/portfolio-item/les-francais-et-la-reforme-100-pour-100-sante/

(2) https://www.silmoparis.com/Decouvrez-Silmo/Presse/Communiques-de-presse/Bilan-SILMO-Paris-2018

(3) https://www.facebook.com/silmoparis/videos/eric-lenoir-directeur-du-silmo-paris-2018/1899229206793644/