Les impacts de la réforme de la sécu sur les médecins généralistes

Mutuelle, Pros

Depuis novembre 2020, l’Assurance Maladie et les syndicats des médecins libéraux sont engagés dans des négociations pour établir une convention médicale qui couvre l’exercice des médecins jusqu’en 2027. Cependant, la situation n’est pas satisfaisante pour tout le monde et une manifestation nationale a été organisée le jeudi 5 janvier 2023 à Paris, suivie d’une nouvelle journée d’action le 14 février devant le Sénat contre la loi Rist. Mais quelles sont les conséquences concrètes de cette réforme pour les médecins généralistes ?

Une augmentation du tarif des consultations très insuffisante

Le 16 et 17 février 2023, les représentants des médecins libéraux ont pu découvrir un diaporama présentant les objectifs à atteindre en matière de santé publique ainsi que les revalorisations des consultations chez le généraliste, le pédiatre, le psychiatre et autres spécialistes programmées pour les cinq prochaines années. Mais ces revalorisations ne sont pas assez fortes selon les généralistes.

Les impacts de la réforme de la sécu sur les médecins généralistes

Thomas Fatôme persiste et signe : il maintient la maigre augmentation du tarif de consultation de base à 1,50€. Une augmentation perçue comme une “provocation” par les médecins libéraux qui exigent une hausse significative des tarifs de consultation. Le ministre de la Santé François Braun est favorable à une revalorisation du tarif de la consultation mais ne souhaite pas aller au-delà de 26,50 €.

Alors que le mouvement Médecins pour demain et certains syndicats de médecins (SML et UFML) réclament une consultation à 50 €, soit presque le double que ce le gouvernement propose, les syndicats CSMF et MG France défendent eux, une consultation à 30 €. Pour le Dr Luc Duquesnel, président de la CSMF, « Une consultation à 26,50 €, c’est humiliant ».

Les patients pourront à nouveau s’adresser à un spécialiste sans passer par leur médecin traitant

La loi Rist impose aux médecins une obligation de garde, ainsi qu’un accès direct à certains professionnels de santé non médicaux, comme les kinésithérapeutes ou les infirmiers, sans passer par les médecins généralistes. Cela risque d’entraîner pour eux une possible baisse de revenus et un manque de reconnaissance de leur travail.

De plus, le directeur de l’Assurance maladie souhaite mettre en place un « bon d’achat santé » pour permettre aux patients d’avoir accès à un médecin partout, y compris la nuit et le week-end. Ces mesures peuvent être vues comme une forme de privatisation car elles favorisent l’offre privée et augmentent le risque de désertification médicale.

Quels avantages pour les médecins les plus motivés ?

Malgré les inquiétudes, la convention médicale offre différents avantages aux médecins qui se montrent particulièrement engagés dans le domaine de la santé.

En effet, la convention prévoit :

  • Des tarifs différenciés selon le niveau d’engagement des docteurs : en adoptant des pratiques de soins plus innovantes et en acceptant des missions supplémentaires définies par le DATAR, les médecins pourront bénéficier d’une revalorisation plus importante des tarifs de consultation
  • Une prime de 4000 € offerte aux médecins qui s’installent dans des zones désertifiées et 3000 € aux médecins qui reprennent un cabinet vacant. La République de Seine et Marne encourage également les jeunes médecins à s’installer en Seine-et-Marne avec des subventions allant jusqu’à 15000 €.

Bien que la nouvelle convention médicale offre des avantages pour certaines personnes, elle apporte également son lot de difficultés pour les médecins généralistes qui doivent faire face à des tarifs encore trop bas et à une pression croissante due à l’accès direct à des professionnels non médicaux.

Malgré leurs efforts, les médecins généralistes craignent que leurs droits ne deviennent encore moins respectés et que leurs revenus ne diminuent. Les répercussions de cette réforme ne sont donc pas encore claires, mais les médecins espèrent que leurs revendications seront prises en compte pour améliorer leur statut et les conditions dans lesquelles ils exercent leur profession.